Le business de l’huître [making-of]

De gauche à droite et de haut en bas : Eve Guyot, Camille Becchetti, Alice Bacot, Alix Fourcade, Valentin Després et Pierre Larquier

Idée de départ

Comment ne pas penser huître quand on pense Arcachon ? Ce mollusque bivalve, qui divise autant qu’il rassemble, fait figure d’étendard touristique sur le bassin. Mais sa survie est-elle assurée ? Le coquillage peut-il résister aux effets du changement climatique ? À l’acidification des océans ? À la hausse de la température de l’eau ? A la pollution ? C’est avec toutes ces questions à l’esprit que nous nous lançons dans notre enquête.

Mais soudain

… tout bascule. L’huître, vieille de 230 millions d’années, n’est pas près de se laisser abattre. Elle résiste mieux que prévu à l’acidification des océans et ne souffre pour l’instant pas sensiblement de la hausse de la température de l’eau. Bonne nouvelle pour le coquillage, mauvaise nouvelle pour les enquêteurs de haute voltige que nous essayons de devenir. Face à l’insuffisance de littérature scientifique et médiatique, à l’absence de données exploitables et aux refus des experts de répondre à nos questions, nous décidons de changer notre fusil d’épaule.

Sur le terrain, nous apprenons l’existence d’un coquillage particulier : l’huître triploïde. Créée en laboratoire, elle présente l’avantage d’être stérile et de se développer plus rapidement. Mais elle est aussi la cible de nombreuses controverses et de critiques récurrentes de la part des ostréiculteurs traditionnels. Ces chantres des coquillages « nés en mer » dénoncent une huître « aussi goûteuse qu’une tomate industrielle en plein hiver » et dont l’origine ne serait pas clairement indiquée au consommateur. OK, là, on se dit qu’on tient un truc. D’autant plus que le Sénat examine en même temps une proposition de loi sur l’étiquetage du fameux mollusque. Quelle différence présente réellement la triploïde ? Quel poids économique peut-elle avoir dans ce business ? Et quels enjeux se cachent derrière cette distinction ? C’est ce que nous essayons d’expliquer dans cette enquête

Difficultés rencontrées

Après avoir sué sang et eau à chercher l’hypothétique impact du changement climatique sur la culture ostréicole, nous partons à la chasse à la data sur le business de l’huître, et notamment de la triploïde. Là aussi, nous nous heurtons à plusieurs difficultés. Il n’y a pas ou peu de données issues de sources ouvertes. Et pour ne rien arranger, le principal acteur concerné, à savoir l’Ifremer (l’institut qui supervise l’exploitation de la mer), ne se montre pas très open (data). En bref, ils ne répondent pas à nos sollicitations.

C’est alors que nous comprenons que le travail de data nous servira à illustrer notre enquête, et n’en sera pas à la base. Pour rendre le tout vivant et imagé, nous travaillons alors sur plusieurs infographies, des encadrés et une vidéo avec voix off et illustrations dessinées.

Interlocuteurs


• Patrice et Jérôme Gazo : ostréiculteurs traditionnels du bassin


• Alexandre Vega : ostréiculteur à Gujan-Mestras


• Frédéric Voisin : ostréiculteur bio dans le Morbihan


• Thierry Lafon : président du Comité Régional de la Conchyliculture


• Eric Marrissal : PDG de l’écloserie Grainocéan


• Benoît le Joubioux : fondateur et président de l’association des ostréiculteurs traditionnels


• Joël Labbé : sénateur du Morbihan (EELV)


• Lycée de la mer à Gujan-Mestras

Alice Bacot, Camille Becchetti, Valentin Després, Alix Fourcade, Eve Guyot, Pierre Larquier