Transports à l’arrêt [Making Of]

Idée de départ

Nous avons choisi de travailler sur le thème de l’accessibilité des transports en commun en Gironde. Nous sommes partis de nos propres expériences en nous rendant compte, qu’une fois sortis de la métropole bordelaise, il nous était bien plus compliqué de nous déplacer en périphérie sans voiture. 

Nous avons ainsi décidé d’analyser les horaires et passages des bus du Transgironde (compagnie de bus publique du département) ainsi que le réseau TER (Trains Express Régionaux). La base de données est conséquente : plus de cinquante lignes régulières de bus et 219 itinéraires TER.  

Il a fallu analyser les banques de données, les nettoyer et parfois même les compléter.

Dans le même temps, nous avons mené une enquête de terrain auprès des girondins qui rencontrent chaque jour des difficultés à se déplacer autour de Bordeaux. De Lacanau à Lugos en passant par Langon, les territoires que nous avons parcourus sont tous marqués par une carence en transports en commun. Soit les bus ne passent pas, soit ils sont trop rares pour assurer le bon déplacement des habitants.

L’enquête DATA

Les premières bases de données sur lesquelles nous nous sommes appuyées provenaient du site du département de la Gironde : datalocale.fr. Nous avons pu analyser des horaires, lignes et coordonnées GPS du réseau Transgironde. Nous nous sommes aussi basés sur les données de la SNCF sur le site data.sncf.com. L’entreprise de ferroviaire publie chaque année des données concernant les horaires des lignes et les retards des TER en Nouvelle-Aquitaine.

Tous nos chiffres concernent l’année 2018. Les centaines de fiches horaires consultées concernent les heures de départ et d’arrivées actuelles.

Avant de démarrer notre enquête, nous avonsexploré en détail la base de données pour repérer des tendances à analyser.

Nous avons commencé par coupler le nombre d’habitants (trouvés sur les données Wikipédia) des 300 villes desservies par le Transgironde au nombre de bus qui les desservent chaque semaine. Cependant après analyse des tableaux fournis par la région nous nous sommes rendu compte que certaines bases étaient faussées. Les chiffres institutionnels du Transgironde sont erronés puisqu’ils mêlent des données de périodes trop éloignées : les années 2012, 2014, 2015, 2016 et 2017. Ainsi le jeu de milliers de données était pipé et ne pouvait être bien analysé. 

Nous avons aussi constaté que certaines données GPS des arrêts de bus étaient fausses. Nous avons notamment retrouvé un stop de Lacanau au beau milieu de l’Atlantique. 

Quant aux plus de cinq millions de données concernant les TER, elles se sont avérées inexploitables. En effet, certains chiffres manquaient sur une vingtaine de trajets, sur les 219 que compte le département. Nous avons été encore une fois obligés de trouver les données manquantes en consultant une à une chaque fiche horaire des lignes concernées. 

Mais cela n’a pas suffi puisque l’on s’est rendu compte que les dates de début et de fin d’effectivité des horaires des différentes lignes n’étaient pas les mêmes. Il nous était donc impossible d’établir une liste réelle du nombre de passages des trains dans chaque gare de Gironde.

Un travail minutieux a enfin été nécessaire pour compléter le jeu de données du réseau TransGironde. Nous avons consulté les horaires de bus pour remplir à la main un document riche de plus de soixante mille données. 

Malgré ces difficultés rencontrées, nous avons réussi à dégager à partir de nos propres bases ce travail 

Les différentes données nous ont permis de dégager une analyse importante.
L’inégalité d’accès des usagers girondins aux transports en commun en fonction de leur lieu de résidence. Le phénomène de périphérie est exacerbé par le manque voire l’absence de transports publics dans certaines communes girondines. 

Les failles de l’Open Data institutionnel

Si les bases de données provenant de la région et de la SNCF sont supposées être exactes, de nombreuses erreurs sont à constater. Doublons, absences de données, chiffres inexacts, rendent les jeux de données à disposition du public, souvent inexploitables. Un Open Data plus fiable nous aurait permis d’aller plus loin dans notre enquête et de proposer un contenu plus complet.

Visualisations finales

Pour représenter toutes nos données, nous avons décidé de privilégier la forme graphique pour que les analyses soient les plus lisibles et parlantes possibles. 

Nous avons créé des cartes interactives retraçant l’ensemble des trajets TransGironde et TER du département. Les 267 villes desservies régulièrement (une fois par semaine au moins) ont été positionnées sur une carte. Un code couleur indique la régularité de passage des bus publics.Ces cartes interactives permettent de visualiser le tracé des lignes de bus et de TER pour laisser ainsi voir les zones délaissées par les deux entreprises de transport.

Nous avons aussi fait un focus sur la ligne de TER 33 : Bordeaux – Le-Verdon marquée par de nombreux problèmes de maintenance.
Enfin une infographie sur les automobilistes sans permis vient compléter nos visualisations.

Enquêtes de terrain et sources directes 

Pour compléter ce travail de données. Nous sommes allés à la rencontre des utilisateurs et chauffeurs des transports en commun en périphérie de Bordeaux. Nous avons également contacté les acteurs institutionnels : maires, élus régionaux, syndicalistes, présidents d’associations, etc. Tous ont enrichi l’enquête en apportant aux données une réalité humaine. Les témoignages ont permis de comprendre les conséquences du phénomène analysé à partir de nos jeux de données. 

Liste des contacts  

  • Mairies de Lugos, Lamothe-Montravel, Les Eglisottes, Arbanats, Saint-Macaire, Saint-Pierre-d’Aurillac, Caudrot, Gironde-sus-Dropt, Lamothe-Landerron.
  • Stéphane Saubusse : conseiller départemental PS-EEL
  • Eva Oranger : étudiante bordelaise qui habite à Macau
  • Pascal Mau : chargé de la communication de la commune de Gironde-sur-Dropt.
  • Ophélie Dzierlatka : préceptrice à Bordeaux, ancienne habitante de Lugos, géographe de formation.
  • Valentine : mère lugosienne d’une élève scolarisée à Arcachon.
  • Stéphane Saussuse : conseiller départemental du canton des portes du Médoc, proviseur de lycée.
  • Christian Broucaret : président de la FNAUT (Fédération Nationale des Associations d’Usagers des Transports).
  • Jean-Luc Romary : secrétaire régional de Sud-Rail en Nouvelle-Aquitaine.
  • Geneviève Latxague : responsable communication SNCF réseau en Nouvelle-Aquitaine.
  • Renaud Lagrave : vice-président de la région Nouvelle-Aquitaine en charge des transports.
  • Philippe Sudrat : Maire de Coussac-Bonneval.
  • Marie-Claude Poinet : Maire de Chabanais.
  • Bernard Bordas : Président du syndicat CNPA  (Conseil National des Professions de l’Automobile) de Nouvelle-Aquitaine, moniteur d’auto-école.
  • Eric Chapman : chauffeur de bus Transgironde.
  • Sylvie : responsable d’exploitation chez Prevost Transports.
  • Morgane et Paul : conducteurs sans emploi.

Notre jeux de données de Transgironde 2019 : https://docs.google.com/spreadsheets/d/1rRSjGjSj5VnnStTdM7Qlyiz6mxPbIt6Rkxk1gLy8sgo/edit?usp=sharing

Source : transgironde.fr

Romain Bouvet, Julie Chapman, An-Nam Durieu, Félicie Gaudillat, Valentin Gouriou et Rébecca Laplagne